Dès les années 60, de nombreuses équipes et laboratoires se sont établies sur le sujet, notamment aux USA, au Canada en Allemagne et dans la plus part des pays de l’Europe, en conjonction avec le développement de l’exploration des objets planétaires par les sondes spatiales. Cela n’a pas été le cas en France. Pourquoi ?
L’explication est « structurelle » et tient aux circonstances. En pratique, depuis les moyens importants attribués au BRGM de 1972 à 1977 pour y réaliser des recherches sur Rochechouart, celles menées par Philippe Lambert dans le cadre de sa thèse de 3ème cycle puis de son doctorat d’Etat (HDR), la France n’a pas poursuivi, ni a fortiori, créé de laboratoire et de poste sur le sujet. Les outils analytiques remarquables dont dispose le BRGM ont permis à Philippe Lambert d’obtenir très rapidement une grande quantité de résultats et d’établir sa notoriété dans la communauté internationale. Mais le BRGM n’étant pas une structure académique, une fois le budget consommé, ne pouvait qu’offrir à Philippe Lambert de travailler sur un autre sujet, pour lequel il était financé. Philippe Lambert décliné et souhaité poursuivre et valoriser sa formation sur Rochechouart et les impacts. Sauf que le milieu académique de l’époque n’a pas endossé le sujet non plus, ce qui a finalement conduit Philippe Lambert à proposer ses compétences à l’étranger. Ce sont les USA qui ont ainsi valorisé le savoir acquit sur Rochechouart, d’abord pour l’étude des météorites au Center for Meteorite Studies en Arizona, puis pour le calibrage, la reproduction et l’étude des endommagements produits par Laboratoire d’expérimentation par choc de la NASA à Houston. On peut penser que si cet investissement initial consacré à l’étude de Rochechouart dans les années 70 avait été porté par une structure académique (université ou CNRS), le sujet aurait fait école à la suite des travaux de Philippe Lambert, comme cela été le cas après ceux d’Eugene Shoemaker sur le Meteor Crater aux USA, ou de Dieter Stöffler sur le Ries en Allemagne. Ces derniers connus comme père fondateurs de la discipline dans leur pays, comme Philippe Lambert, quelques années avant lui, ils étaient étudiants en géologie et avaient en commun comme sujet de thèse, l’étude d’un cratère d’impact. Ce sont donc les circonstances qui expliquent pourquoi le CIRIR n’est pas apparu plus tôt et pourquoi cette première campagne de forage dans Rochechouart intervient plus de 40 ans après celle intervenue dans le Ries en Allemagne. Les deux nations disposent en effet d’un grand cratère d’impact sur leur territoire, cratères qui scientifiquement parlant sont comparables tant en quantité et qualité de matière à étudier. En Allemagne ce patrimoine géologique constitue un terrain d’études reconnu et soutenu par le milieu académique national depuis près de 50 ans. L’histoire démontre qu’il s’est avéré le support à la formation de milliers d’étudiants, pas seulement Allemands, à la génération de dizaines de milliers d’articles, communications, présentations scientifiques, et à la « production » de dizaines de professeurs en poste sur le sujet en Allemagne et dans le monde entier. A Rochechouart, rien de comparable jusqu’à présent, mais cela change « maintenant ». Avec un décalage de 40 ans (la thèse d’état de Philippe Lambert a été soutenue le 13 octobre 1977), la première structure de recherche dédiée aux impacts et à Rochechouart est donc constituée sur notre territoire et est opérationnelle. La première réalisation concrète du CIRIR est bien cette campagne de forages réalisée au profit de la recherche nationale et internationale, au profit de la Réserve Naturelle Nationale de l’Astroblème de Rochechouart-Chassenon et au profit des territoires et des populations sur le terrain qui s’approprient le sujet et vont profiter de son rayonnement.