Le potentiel géotouristique de l’impact de Rochechouart

Les impacts météoritiques sont des manifestations naturelles très abondantes sur les planètes du Système Solaire, et très rares sur Terre qui a cependant subi le même bombardement. Seulement un peu moins de 200 cas y sont recensés. Ce sont des sources d’information très précieuses et très convoitées par les scientifiques car les impacts renseignent les questions fondamentales de nos origines, depuis la formation et l’évolution des surfaces planétaires, jusqu’à leur habitabilité et l’émergence de la Vie, qui apparait aujourd’hui plausible à la faveur des impacts, sur la Terre primitive et ailleurs dans le Système Solaire. Le caractère exceptionnel du phénomène tant en nombre d’objets préservés sur Terre, qu’en nature, allié au caractère spectaculaire de son empreinte dans les paysages, pour ceux dont la topographie initiale est conservée, en font des cibles privilégiées pour le géotourisme.

A Rochechouart comme dans tous les grands cratères et en particulier les très anciens, le cratère initial n’est plus visible. C’est le cas de Vredefort (Afrique du Sud), bien plus érodé que Rochechouart, ce qui ne l’empêche pas de connaitre un développement touristique et de figurer à la liste du patrimoine mondial de l’Humanité. A Rochechouart, l’impact se matérialise sur le terrain par une zone d’une douzaine de km de diamètre qui montre des roches inhabituelles lesquelles correspondent aux dépôts de retombées dans le cratère, dont seule la partie centrale est conservée. Mais celles les plus accessibles au profane se trouvent dans le bâti ancien, monuments et fermes antérieurs au 18ème siècle qui sont très abondants et sont tous construits en impactites. L’exemple le plus ancien et le plus remarquable a près de 2000 ans. Il s’agit des thermes Gallo Romains et des édifices et constructions annexes de Cassinomagus. Les carrières d’exploitation de l’époque sont elles aussi visibles. Objet de fouilles actives et d’un parc archéologique en plein essor, cet ensemble patrimonial de classe internationale constitue un des atouts géotouristiques de l’impact météoritique, et vice versa. Il en va de même des fermes, châteaux et édifices religieux en impactites dont les plus anciens remontent à près de 1000 ans. La Réserve Naturelle Nationale de l’astroblème de Rochechouart-Chassenon (désignée Réserve dans ce qui suit) créé par l’Etat en 2008, gérée par la communauté de communes Porte Océane du Limousin, et les personnels et infrastructures qui s’y rattachent, sont un autre atout pour le géosite. Le CIRIR (Centre International de Recherches et de Restitution sur les Impacts et sur Rochechouart) est un atout majeur pour le développement géotouristique du site et de toute la région qui le porte. Par sa dimension internationale et par la nature de ses activités, il apporte au territoire et à toutes les structures et initiatives qui participent ou peuvent participer au développement géotouristique de la région, la matière à dire, à montrer, à exploiter, à valoriser, ainsi que rayonnement, légitimité et visibilité. C’est le cas par exemple de la Réserve qu’il place sous les projecteurs à la faveur des premiers forages scientifiques jamais réalisés à Rochechouart. Ils y sont volontairement implantés et l’exploitation actuelle et à venir par le CIRIR sert directement les intérêts de la Réserve, de la communauté scientifique internationale et du territoire. D’autres structures et initiatives en prise directe avec le géosite (associations locales, notamment « Pierre de Lune », ainsi que le Parc Naturel Régional Périgord Limousin et les Offices de tourisme locaux) contribuent également au développement géotouristique du site.

L’attrait réduit pour la géologie et le manque de sensibilité du public en général pour la géodiversité est cependant un frein à ce développement, de même que le manque d’expression du phénomène dans le paysage et la « ruralité » de la région. Pour pallier à ces faiblesses le CIRIR renforce ses équipes et activités de restitution-sensibilisation du public et il élargit le périmètre du géopatrimoine et son audience, au niveau régional et national. Les travaux des équipes scientifiques du CIRIR montrent en effet que la région valorisable par le tourisme scientifique dépasse largement les 100-150 km2 correspondant aux impactites. La zone directement affectée par l’impact et dans laquelle des effets directs peuvent être retrouvés s’étend à la région Nouvelle Aquitaine  dans son ensemble et à la périphérie des régions voisines. Des manifestations géologiques plus distantes encore commencent à être identifiées au-delà des frontières nationales, qui sont attribuées à l’impact de Rochechouart, résultat d’un vaste tsunami. Dans ce contexte il semble raisonnable de proposer une signalétique et la valorisation du phénomène (y compris ses effets géologiques distaux) à l’échelle nationale et  internationale ce que propose le CIRIR en portant le projet de son inscription à la liste du patrimoine mondial de l’humanité.